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02/05/2015

Andreï Kourkov : « les nationalistes ukrainiens ont rejeté les minorités vers les puissances étrangères »

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L'écrivain de Kiev déconcerte Paris :


 

 

 

Jusqu'à présent, le lobby atlantiste jouissait d'un monopole médiatique à Paris au sujet de l'Ukraine. L'une de ses cibles était la bourgeoisie conservatrice, qui a gardé ses réflexes de l'époque anti-soviétique et qui prend Kiev pour la capitale d'une « Ukraine uniate », forcément pieuse et dans-nos-idées...

D'où l'utilité d'un témoignage « issu de Maïdan » comme celui de l'écrivain kiévien Andreï Kourkov, interviewé par Catherine Calvet dans Libération de ce matin. Il témoigne de l'hétérogénéité historique et culturelle de l'Ukraine, de sa tendance rémanente à la dislocation, et de l'intolérance ethnique des nationalistes ouest-ukrainiens. Extraits : 

<< L'Ukraine est avant tout un Etat multiculturel et cosmopolite. Et elle l'a toujours été. La ville de Tchernowitz, en Bucovine, dans le sud du pays, à la frontière roumaine, fut le symbole du multilinguisme de l'empire austro-hongrois : on y parlait l'allemand le plus parfait, mais aussi le polonais, le roumain, l'ukrainien, le russe et le yiddish... >> 

« Pourquoi dites-vous que la culture et cet héritage sont devenus l'otage du nationalisme ukrainien ? »

 << A l'indépendance du pays, les oligarques russophones de l'Est se sont appropriés tous les secteurs rentables économiquement, et ils ont laissé aux nationalistes ukrainiens les portefeuilles ministériels de la Culture et de l'Education. Ce fut tragique pour les Tatars de Crimée, par exemple : les nationalistes ukrainiens les ont enfermés dans un ghetto culturel. Après la révolution orange, en 2004-2005, le président Iouchtchenko* a décidé que les départements langues des écoles des minorités nationales devaient être financés non plus par l'Etat ukrainien, mais par l'Etat locuteur. Ainsi la Hongrie devait-elle financer les cours en hongrois ou la Pologne ceux en polonais. Cela ne faisait qu'exclure un peu plus les minorités de la culture nationale en les rejetant vers les puissances étrangères. Surtout, cette politique a eu pour conséquence d'appauvrir la culture ukrainienne... >> 

<< Aujourd'hui l'histoire semble se répéter. En 1918, durant la guerre civile, les fronts étaient presque les mêmes. En 1920-1921, les petites républiques séparatistes fleurissaient un peu partout. Les alliances étaient tellement fluctuantes que le chaos permanent était assuré. Tout comme aujourd'hui. Chaque petite ville revendique une armée et une autonomie... >>

 

Dans le cadre des Assises internationales du roman, Andreï Kourkov sera le 27 mai à Lyon pour une table ronde sur le thème : Le postcommunisme, un laboratoire de folie libérale à l'état pur.

 

 _______________ 

* Considéré alors à Paris comme un « pro-européen » en butte à l'hostilité de Moscou.

 

16:37 Publié dans Russie-Ukraine-etc | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ukraine

Commentaires

LIBÉRATEUR

> On a l'impression d'une libération mentale quand on lit cela au bout d'un an et demi de propagande unilatérale !
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Écrit par : Quiniou / | 06/05/2015

Les commentaires sont fermés.